• Deuxième extrait : page 250

       Extrait :       Il est évident d'après ce qui précède que la superficie de l'Inde est immense. On verra par ce que nous allons dire que ce pays n'est pas moins grand par la variété de ses merveilles. Ses forêts sont les plus hautes ; on trouve dans ses montagnes les Pygmées, hommes de deux coudées qui font la chasse aux grues ; ces gens mettent trois ans à enfanter et ils meurent dans leur huitième année. Dans ce pays, il pousse un poivre blanc qui accuse une nuance foncée provenant du feu qu'on y met pour chasser les serpents qui peuplent ces forêts.

    Il y a des Agrathes et des Brahmanes qui par amour se jettent dans les brasiers. On y voit des barbares qui tuent leurs parents usés de vieillesse et les mangent ; ceux qui se refusent à pratiquer cette coutume sont considérés comme impies. D'autres mangent le poisson cru et boivent l'eau salée de la mer. Certains monstres humains ont les pieds devant derrière et leurs pieds ont huit orteils ; d'autres ont des têtes de chien et portant des peaux de bêtes. Ils aboient comme des chiens.

    Il y a dans ce pays des femmes qui n'enfantent qu'une fois et qui ont des enfants blancs à leur naissance qui deviennent noirs dans leur vieillesse, laquelle ne dépasse pas la durée d'un été ; d'autres qui enfantent cinq fois et dont les enfants ne vivent pas au-delà de la huitième année.

    Il y a des hommes qui n'ont qu'un œil, on les appelle Carismapi, et des cenofèvres appelés cyclopes. N'ayant qu'un pied pour se tenir ils courent néanmoins plus vite que la brise ; quand ils s'assoient sur la terre, ils se font de l'ombre en élevant la plante de leur pied en l'air.

    D'autres, acéphales, ont les yeux dans les épaules ; en guise de nez et de bouche ils ont deux trous dans la poitrine et, à la manière de certaines bêtes, leur corps est couvert de soies.

    Il y a des hommes habitants près des sources du Gange qui vivent de la seule odeur d'un certain fruit et qui, dans leurs voyages, apportent ce fruit avec eux ; s'il leur arrive de respirer une mauvaise odeur, ils en meurent.

    Il y a des serpents tellement gros qu'ils dévorent les cerfs ; ces serpents peuvent traverser l'océan à la nage. On signale encore d'autres bêtes étonnantes, de formes épouvantables.

    Dans le Gange on voit des anguilles de 300 pieds de long. Ainsi on parle d'un ver qui, comme les crabes, a deux bras longs de six coudées au moyen desquels il peut enserrer un éléphant.

     

    L'océan Indien engendre des tortues dont les écailles peuvent servir de logement spacieux aux hommes. Les auteurs ont parlé d'une foule d'autres merveilles qu'il serait trop long d'énumérer ; mais je renvoie le lecteur aux auteurs qui, comme Pline, Solin et principalement Isidore dans le Ier livre, chapitre III, traite de ces merveilles et d'autres encore.

     

     Analyse littéraire : 

         Dans un premier temps, on observe que cet extrait nous dresse le portrait d'un monde fantastique et imaginaire, qui ressemble à un rêve. Par exemple avec "la variété de ses merveilles" ligne 1, on observe que ce texte nous donne une bonne image de l'Inde. L'auteur nous décrit un endroit inconnu mais extraordinaire. Cette description est fondée uniquement sur des légendes cependant, la répétition de "il y a" nous donne l'impression qu'il s'agit d'une vérité générale. 

         Toutefois, cet extrait nous donne également une image monstrueuse et terrifiante de cet endroit qui leur est inconnu. Pour commencer, ce texte nous décrit à plusieurs reprises des monstres, comme à la ligne 4 avec " On y voit des barbares qui tuent leurs parents usés de vieillesses et les mangent". Le mot "barbare" nous montre que le narrateur n'est pas objectif, il nous impose son opinion et nous pousse à partager son avis. De plus avec "certains monstres humains ont les pieds devant derrière et leurs pieds ont huit orteils; d'autres ont des têtes de chien et portent des peaux de bêtes. Ils aboient comme des chiens." le narrateur les compare à des bêtes et nous donne une image peu humaine de la population indigène. 

         Enfin, tout dans ce texte nous pousse à penser que la population de ce pays inconnu n'est pas humaine car trop différente. Tout d'abord avec la grossesse avec "ces gens mettent trois ans à enfanter et ils meurent dans leur huitième année" et "des femmes qui n'enfantent qu'une fois et qui ont des enfants blancs à leur naissance qui deviennent noirs dans leur vieillesse". Nous nous demandons si ces personnes sont vraiment humaines puisque même la façon dont ils donnent naissance est différente de ce que nous connaissons. Ensuite, leur physique est également extraordinaire avec par exemple " des hommes qui n'ont qu'un œil","ont les yeux sur les épaules". Rien dans la description physique qui nous est présentée ne ressemble à la réalité que nous connaissons. 

     

     Analyse historique :

         Au début du XVe siècle, les Européens ont une très bonne idée de l'Europe et du bassin Méditerranéen, et quelques notions du reste de l'Afrique et de l'Asie, mais ces dernières sont confuses, déformées et basées sur des légendes. 

     


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